Le Président Macky Sall a beau chercher à la relativiser, la défaite de ses troupes aux locales à Dakar, Thiès, Ziguinchor, Diourbel et Kaolack reste un sévère camouflet. Le chef de l’Etat n’a peut-être pas tort de dire qu’«on ne peut pas perdre là où on n’a jamais gagné». En effet ces villes tombées dans l’escarcelle de Yewwi askan wi, dimanche 23 janvier, ont toujours été contrôlées par l’opposition depuis son élection en 2012. N’empêche la confirmation de cette tendance constitue pour Benno bokk yakaar un cuisant échec. Une lame de fond qui mérite de la part du pouvoir une analyse froide et lucide.
Mais tout n’est pas sombre dans ces élections pour le pouvoir. Loin de là. Benno a remporté 37 des 46 départements qui étaient en jeu (voir cartographie). En plus, la Majorité peut se féliciter de la bonne tenue des élections et de s’être montrée globalement fair-play, digne, dans la défaite (pour les localités perdues).
En effet dès le lendemain du scrutin, alors que les tendances défavorables pleuvaient, Benno a publié un communiqué pour féliciter les candidats de Yewwi askan wi dont la victoire était quasi-certaine. Tout s’est passé dans l’esprit d’une élégance républicaine qui fait loi depuis le coup de fil d’Abdou Diouf, en 2000, pour reconnaître sa défaite et féliciter Abdoulaye Wade, le vainqueur de la présidentielle. Un geste que ce dernier a réédité avec Macky Sall lorsqu’il l’a battu à son tour en 2012.
En perpétuant cette tradition, le camp du pouvoir décrispe le champ politique et sort grandi de ces locales, même s’il n’a pas remporté les principales grandes villes. De quoi considérer le verre à moitié plein sans passer pour un mauvais joueur.